Histoire de la CCI Loiret
Ce que représente aujourd’hui la CCI du Loiret, son rôle dans la vie économique contemporaine du Loiret, son implantation dans notre territoire et son rayonnement bien au-delà, sa manière d’envisager l’avenir et de relever de nouveaux défis : tout cela résulte d’une histoire de plus de deux siècles, et des efforts des hommes qui ont animé et orienté cette institution, au fil de ses missions, de ses activités et de ses mutations.
Tout au long de son histoire, la CCI du Loiret a toujours su faire preuve d’adaptation et de souplesse, tout en assurant, avec persévérance et pragmatisme, la défense et la promotion des intérêts économiques du département.
Une création dans la continuité
Créée au lendemain de la Révolution, par arrêté du 27 avril 1803, la chambre consulaire du Loiret plonge ses racines loin dans le passé de notre province, dont la vocation commerciale s’est très tôt affirmée autour de l’axe majeur de communications et d’échanges que représentait la Loire.
Dotée dès février 1564 d’une juridiction consulaire, Orléans a été, dès le Moyen Age, le siège d’une organisation professionnelle très originale regroupant tous les acteurs du négoce ligérien, la Communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire.
Riches de ces expériences anciennes en matière de représentativité et de collaboration au service de la prospérité du commerce, les membres de la Chambre de commerce nouvellement créée, sous la houlette de son premier président Louis Colas de Brouville, se sont faits d’emblée les représentants des intérêts locaux auprès des pouvoirs publics et les ardents défenseurs de la relance des activités manufacturières du Loiret, mises à mal par le Blocus continental, par la centralisation parisienne puis par le déclin du trafic ligérien.
Défense et promotion de l’économie locale
La Chambre de commerce s’implique dès lors sur tous les plans pour stimuler l’économie locale, multipliant les rapports et les propositions concrètes auprès du gouvernement, posant les bases d’actions qu’elle va poursuivre tout au long du siècle avec un remarquable esprit de suite.
Elle encourage l’exportation en soutenant activement, dans les années 1820, la bonneterie orléanaise spécialisée dans la fabrication de bonnets à destination des pays du Levant.
Au bout de plus de 25 ans de démarches incessantes, elle obtient en 1832 l’établissement d’un vaste entrepôt des douanes sur le quai Barentin, pour pouvoir fournir à ses manufactures les matières premières dont elles manquent.
Elle réclame avec ténacité un meilleur entretien du réseau routier, l’amélioration des transports et des voies de communications, en particulier pour les liaisons est-ouest : elle adhère avec enthousiasme dès 1833 au projet de chemin de fer de Nantes à Orléans et de Paris à Roanne, puis prend fait et cause pour le chemin de fer entre Paris et Orléans en 1836, et entre Orléans et Rouen par Chartres en 1868.
Elle s’investit activement dans la création de la Banque d’Orléans, en 1838.
Initiatives et développements
Tout au long du 19ème siècle, sa préoccupation essentielle reste la défense de la Loire navigable, tâche à laquelle elle s’attelle sans désemparer, s’associant aux grandes villes riveraines comme Tours et Nantes, préconisant l’aménagement du lit du fleuve, entretenant les canaux d’Orléans et du Loing, encourageant dès 1882 la construction du pont-canal de Briare, obtenant de haute lutte le prolongement du canal de Combleux à Orléans, inauguré en 1921.
En plus de ces actions majeures, la Chambre marque son intérêt pour les grandes découvertes scientifiques en accueillant Pasteur en 1867, promeut le sucre de betterave pour assurer la reconversion de ses raffineries de sucre de canne, manifeste son souci de développer l’enseignement technique et professionnel en finançant des cours dès 1883.
Affirmant sa volonté de créer de nouveaux réseaux d’influence, elle fonde et héberge en 1894 l’Union des syndicats du commerce et de l’industrie du Loiret et initie en 1913 l’Assemblée des Chambres de commerce du bassin de la Loire, groupe de pression destiné à défendre et améliorer les voies navigables.
Ainsi, pendant son premier siècle d’existence, la communauté consulaire du Loiret s’est affirmée comme une puissance efficace et légitime de représentation, de proposition et d’action, toujours soucieuse de conserver son libre arbitre face aux pouvoirs en place. Au tournant du siècle, en 1901, elle s’installe dans ses murs, dans le bel hôtel à l’architecture classique de la place du Martroi, édifié en 1865 et qu’occupait jusqu’alors la Bourse de Commerce.
Mobilisation et reconstruction
Dans un XXe siècle marqué par les conflits mondiaux, la grande crise de 1929 et l’ouverture à l’internationalisation, l’institution consulaire du Loiret se mobilise pour aider les entreprises en difficultés et participer à l’effort de guerre en 1914-1918.
Après les terribles destructions de la Deuxième Guerre Mondiale, elle s’implique totalement dans l’immense chantier de reconstruction, œuvre à l’élaboration du plan d’urbanisme d’Orléans et aménage, à Fleury-les-Aubrais, la première zone industrielle de France.
Elle va alors poursuivre cette exemplaire politique d’aménagement de zones industrielles dans l’ensemble de sa circonscription, tout en se préoccupant activement de la préservation du bassin de la Loire face au projet de captage des eaux du fleuve par la Ville de Paris.
Nouveaux défis et ouverture au monde
Fidèle à sa vocation de formation, la Chambre (devenue en 1960 officiellement Chambre de commerce et d’industrie) multiplie ses offres d’enseignement technique et commercial, développe son département Formation continue, et crée en 1982 l’Ecole de commerce et de gestion d’Orléans. C’est à la même époque que la CCI du Loiret se décentralise pour se rapprocher de ses ressortissants : une première antenne est créée à Montargis (1978) puis à Pithiviers (1985).
Dans les dernières décennies du XXe siècle et au début du troisième millénaire, la CCI du Loiret s’investit dans tous les projets de grande envergure qui font du Loiret un territoire ouvert au monde, innovant, vitrine de l’excellence, comme la création du port de Briare, la réalisation de parcs technologiques et de la plate-forme européenne de transit de Montargis, l’accueil et l’implantation de nombreuses entreprises étrangères, et surtout l’ouverture de l’autoroute A19 – aventure de longue haleine dans laquelle la CCI s’est engagée avec une énergie remarquable.
Appuyée sur ces bases solides, héritière de cette longue histoire, la Chambre de commerce et d’industrie du Loiret est une institution originale, plus que jamais nécessaire : devenue au fil du temps creuset de compétences et de synergies, adaptée à la modernité et ouverte à la mondialisation tout en répondant au besoin d’ancrage territorial des entreprises, elle est un rouage essentiel d’informations, d’échanges, de promotions, d’accompagnements, d’accueils, de conseils, d’anticipations et de mises en réseaux, tout en poursuivant sans relâche la mission fondatrice qui lui avait été dévolue lors de sa création en 1803 : la représentation et la valorisation des intérêts économiques du département.
Auteur : Anne-Marie Royer-Pantin